jeudi 24 novembre 2011

Moncef Marzouki Apologizes to People in Kasserine

Moncef Marzouki Apologizes to People in Kasserine

| 24 November 2011 | tunisia-live.net

The new Tunisian president, Moncef Marzouki, apologized yesterday, November 23rd, on National TV to the people in Kasserine for the incomplete list of martyrs that was recited on Thursday 22nd at the first meeting of the constituent assembly. The deputy who brought the list to the table, Noomane Fehri, is one of Afek Tunis’ founders. Fehri expressed his deep regret to TunisiaLive and asked for a regional contact number to publically communicate his apologies.
Fehri described how he managed to obtain the list stating, “I attended the press conference held by ISIE last Sunday to pay homage to the revolution’s martyrs and I happened to meet with some of the martyrs’ families. I deeply sympathized with their state of sorrow and that inspired me to ask ISIE for a list of names to be recited at the opening meeting of the constituent assembly. My good will prompted me to take such an initiative, but I had never expected that a slight organizational mistake would trigger this large outrage”.
Fehri expressed his deep regret to what happened in Kasserine and asserted that he will certainly join the committee in charge of the martyrs’ case. With that, he promised to play an important role in the committee and to make sure that those families’ rights are protected.
President Marzouki assured that he feels a deep compassion for the massive protesters in Kasserine stating, “I thoroughly understand their anger because I am fully aware of the long struggle that Kasserine region endeavored during the early days of the revolution.” On January 18th Marzouki paid a visit to Zouhour City, a neighborhood in Kasserine that scored the highest rate of injured and martyrs in the whole region. “I could feel myself the struggle that those people endured at that time and I congratulated them for their bravery,” Marzouki said.
Marzouki expressed his relief towards the protests that broke out in Kasserine yesterday and considered the event as a positive sign proving that the martyrs‘ cases are still important of the Tunisian people. He expressed this sentiment saying, “I am so proud of our citizens who have displayed a great sense of patriotism during the election day and who are still willing to stand up for their rights when needed.”.
Marzouki addressed people in Kasserine asking them to restore order in the region stating he understands that all these families will get material and moral compensations, and that a committee has been appointed to be in charge of these families case by case. He explained that the list that was recited at the meeting of the constituent assembly was intended to pay a tribute to all our martyrs and it will promptly be  completed with the missing names.

mercredi 23 novembre 2011

tunisia-live.net : Breaking: Tear Gas Used to Disperse Demonstration in Kasserine

Breaking: Tear Gas Used to Disperse Demonstration in Kasserine

| 23 November 2011 | 0 Comments

According to multiple eyewitnesses and demonstrators, nearly 400 people went out in the streets to condemn the mistake of the Constituent Assembly member though his mistake was unintentional.
The demonstration started peacefully and turned violent upon an attempt by the military to repress the movement. The police avoided intervention in order to avoid tension with the population.
The demonstrators cut off the main road and burned tires in the streets. The military intervened to dispersing the crowd with tear gas while shooting in the air.
Kassrine suffered the largest number of casualties during the Tunisian Revolution.

lundi 21 novembre 2011

Comment votera la Tunisie des oubliés ?

Comment votera la Tunisie des oubliés ?

Un document passionnant de Nicolas Beau et Said Bakhtaoui, consacré à « la Tunisie des Oubliés », est diffusé ce soir sur la chaine parlementaire LCP à 21h.05. A ne pas rater une semaine avant les élections à l’Assemblée Constituante.



( Capture d'écran - Kasserine après la révolution - Dailymotion )
( Capture d'écran - Kasserine après la révolution - Dailymotion )
Pour qui voteront les Tunisiens des provinces oubliées, celles par qui la révolution est arrivée, du Sidi Bouzid de Mohamed Bouazizi à Kasserine que Ben Ali avait rêvé de bombarder ? On aura ce soir un avant-goût de leurs choix, une semaine avant les premières élections libres du pays, le 23 octobre,en regardant l’enquête réalisée par Nicolas Beau et Said Bakhtaoui sur la chaine parlementaire.
 
Auteur (avec Catherine Graciet) du brûlôt « La régente de Carthage » qui fit trembler le régime de Ben Ali avant l’heure, Nicolas Beau est désormais collaborateur de Marianne. Longtemps interdit de séjour en Tunisie, il eut, au lendemain de la révolution, le bonheur de voir enfin son livre sur les étagères des librairies de l’avenue Bourguiba, notamment chez Selma Jabbès, l’émérite patronne d’ « Al Kitab » qui n’avait jamais eu froid aux yeux. Je me souviens de ce matin de janvier, deux jours après la chute du satrape, quand les badauds se pressaient, si heureux, devant la vitrine où Selma avait disposé des spécimens des livres jusqu’ici interdits. Celui de Nicolas y figurait à la meilleure place. Et pour cause : il y avait disséqué deux ans auparavant toutes les raisons pour lesquelles les Tunisiens, un jour, diraient non à l’arbitraire.
 
Notre confrère est donc revenu cet été dans la Tunisie révolutionnaire. Avec Saïd Bakhtaoui, il est parti à la rencontre des provinces de l’Ouest qui avaient constitué le fer de lance de l’insurrection. Qui pourrait oublier les images terribles des 4, 5 et 6 janvier, à la morgue de Kasserine avec les corps des manifestants troués de balles ? Malgré ces sacrifices, aujourd’hui, la population se sent toujours oubliée. « Cette révolution, on l’a faite pour le pain et on n’a toujours rien ! » martèle un vendeur à la sauvette. A cinq euros par jour, les conquêtes de la révolution semblent terriblement abstraites. Certains déshérités pensent même qu’il faudrait carrément la refaire, cette révolution qui « ne nous a donné ni travail ni argent ». En poussant vers la mer, du côté de la souriante Hammamet, les reporters ont trouvé d’autres oubliés, à une dizaine de kilomètres de la station balnéaire. Ceux-là n’ont même pas l’eau et vivent avec trois euros par jour.
 
Sur ce désastre, nullement imputable à la révolution mais au long désintérêt de la dictature pour les coulisses de l’éden touristique, les islamistes du parti Ennahda jouent-ils sur du velours ? Eux qui n’ont été strictement pour rien dans l’insurrection qui n’a pas clamé un seul « Allah est grand ! » durant toute son extraordinaire saga, eux qui ont si prudemment attendu que le danger s’éloigne pour pointer le bout de leur barbe, vont-ils tirer leurs marrons douteux du beau feu de la liberté ?
 
Dans le document tourné cet été, il est manifeste qu’Ennahda peut capitaliser une partie des souffrances sociales. Ennahda est puissant : le parti a l’argent et les moyens de tenir des meetings bien encadrés. On voit Rached Ghannouchi clamer « l’Islam est notre Constitution ! » et encore « Le voile est l’étendart de l’Islam ! ». Images éloquentes qui illustrent le fameux double discours islamiste : celui, doucereux, réservé aux médias, et l’autre, le vrai, l’abrupt, le brut, pour le peuple. Le peuple, précisément, dans ces meetings,a été amené par bus, avec une efficacité impressionnante. Celle du RCD , naguère ! D’où vient l’argent d’Ennahda ? Si la question n’est pas abordée dans le reportage, on sait que l’argent du parti religieux ( inondé de fric par le Qatar) a été la cause principale de la rupture entre Ennahda et la commission nationale de la réforme politique, présidée par l’éminent juriste Yadh ben Achour. La commission exigeait que toute la transparence soit faite sur le financement des partis. Ennahda n’a pas pu le supporter. Bel exemple d’allergie à la transparence démocratique !
 
Les Tunisiens ne sont pas dupes. Et c’est tout le mérite du document de nous le rappeler en rendant hommage à leur lucidité, à leur simplicité. Toute voilée qu’elle est, Fadela, une jeune femme pauvre, la première diplômée de sa famille( il y a 150 000 diplômés chômeurs) lâche avec mépris : « Je ne voterai jamais pour Ennahda, ils ont un passé trop trouble… » Car la violence islamiste, personne ne l’a oubliée. La peur de remplacer la dictature par un parti ultra-puissant flotte dans le pays. Non, pas dupes, les Tunisiens. Et même, ils rigolent quand Rached Ghannouchi sort, sérieux à n’y pas croire : « nous, on est pour le modèle scandinave ! »
 
Personne n’est dupe : une avocate qui n’a pas hésité à défendre les détenus islamistes contre la répression de Ben Ali, s’engage aujourd’hui à fond pour défendre la cause des droits des femmes. Images toniques du « Café des femmes » à Bizerte, un vrai rendez-vous des audacieuses sur le quai des machos ! Et le film s’achève
 
sur un visage d’homme libre : celui du philosophe Mohammed Talbi, qui a dénoncé inlassablement tous les hold-up pratiqués sur l’islam, autant par l’islam politique que par ceux qui cautionnaient la dictature au nom de la lutte anti-terroriste. Le vieil homme martèle le célèbre verset du Coran, si constamment trahi : « Pas de contrainte en religion… » Et il scande : « Je crois en l’avenir de la liberté de penser ! ».
 
Une vraie lumière, cette conviction d’un sage qui n’hésitait pas, sous Ben Ali, à affronter la police, quand il allait apporter son soutien à ceux que la dictature trainait en justice. Du plus jeune des blogueurs au plus lettré de ses anciens, ce pays reste celui de tous les espoirs.

Vendredi 14 Octobre 2011
Martine Gozlan
http://www.marianne2.fr/martinegozlan/Comment-votera-la-Tunisie-des-oublies_a14.html

Tunisie : Kasserine, ville oubliée de la révolution

31/10/2011 à 17h:45 Par Leïla Slimani, envoyée spéciale
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La très polluante usine de cellulose de Kasserine. 
La très polluante usine de cellulose de Kasserine. © Nicolas Fauqué/Jeune Afrique


Chômage, pauvreté, insécurité… Neuf mois après la chute du régime Ben Ali, la population de l’un des berceaux de la révolution n’a pas le cœur à la fête. Et commence à perdre patience, malgré les efforts financiers du gouvernement et les promesses des partis politiques. Reportage sur place, quelques jours avant les élections qui ont eu lieu le 23 octobre.
Chef-lieu du gouvernorat du même nom dans l’Ouest tunisien, Kasserine pourrait être une charmante bourgade de province. Aux abords de la ville, vergers et oliviers s’étendent à perte de vue, et de splendides ruines antiques témoignent d’un glorieux passé. Pourtant, si Kasserine est célèbre, c’est surtout pour le lourd tribut payé à la révolution. Minée par le chômage, abandonnée des pouvoirs publics, sa population s’est soulevée les 8 et 9 janvier. Réprimées dans le sang, les émeutes ont fait près de 50 morts et 500 blessés.
Neuf mois après, l’ombre des martyrs plane encore sur la ville. Leurs noms ont été gravés sur un modeste monument, sur la place centrale, et les habitants semblent revivre sans cesse ces scènes de guérilla urbaine, où des snipers tiraient sur la foule depuis les toits. Difficile de l’oublier, dans une localité où près de 84 bâtiments ont brûlé en un seul après-midi et où les murs calcinés, tagués de « mort à la police ! » ou de « dégage ! », n’ont été ni repeints ni reconstruits.
Dans un café du centre, trois jeunes sont assis. Ils partagent une bouteille de Coca et tuent le temps en fumant des cigarettes. Au mot « révolution », ils répondent par un soupir. « Pour nous, rien n’a changé. La situation a même empiré : le chômage s’est aggravé, aucun investissement n’a été fait, et le peu qu’on avait a été détruit », se désole Mohamed, 28 ans et diplômé de physique. Comme la plupart de ses amis, il n’a jamais eu de travail stable et vit d’expédients. « Certains vendent des légumes, d’autres vivent de la contrebande avec l’Algérie, qui n’est qu’à 70 km. On revend de l’essence, de la drogue ou des produits alimentaires. Finalement, Bouteflika a fait plus pour nous que n’importe quel gouvernement tunisien », s’emporte, amer, Nacer, 30 ans.
Ici, la révolution n’a pas été fêtée. Aucune effusion de joie n’a suivi la chute de Ben Ali et l’avènement d’une liberté nouvelle. « La liberté, la liberté ! Elle n’a jamais nourri son homme », maugrée Mohamed. Il est vrai qu’en huit mois quelques ministres sont venus, des promesses ont été faites, mais aucun programme concret n’a été lancé.
Insécurité
Le gouvernorat de Kasserine est le plus déshérité des vingt-quatre préfectures du pays. Le taux de chômage des jeunes y atteint 40 % (pour une moyenne nationale de 23,3 %). Ici, 13 % de la population – un taux quatre fois supérieur à la moyenne nationale – vit avec moins de 400 dinars par an (206 euros). Dans cette ville d’un peu moins de 100 000 habitants, le tissu économique est plus que maigre. En dehors des activités agricoles et de quelques commerces, on ne trouve qu’une usine de cellulose. On la devine de loin à l’épais nuage de fumée toxique qui obscurcit le ciel. En cinq ans, elle a fermé cinq unités sur sept et n’emploie plus que quatre cents personnes à temps plein. Difficile par ailleurs d’imaginer que des investisseurs aient envie de s’installer dans une région qui manque du strict minimum. Les infrastructures sont défaillantes, l’éclairage public quasi inexistant. En dehors de la route principale, qui est goudronnée, les rues sont des pistes poussiéreuses qui se transforment en ruisseaux les jours de grandes pluies. Et la sécurité n’est guère assurée. Depuis la révolution, la criminalité a sensiblement augmenté. La faute aux anciens détenus libérés, à la frontière devenue une passoire ou aux forces contre-révolutionnaires ? Nul ne peut le dire exactement. Mais personne ne nie que la situation est tendue.
« La population a beaucoup d’attentes et s’impatiente. Il suffit d’une rumeur, d’une étincelle pour que la situation dégénère », confie le gouverneur, Béchir Bédoui. Ce militaire de carrière a pris ses fonctions en août après que ses deux prédécesseurs ont été « dégagés » par la population. En un mois et demi, il a dû faire face à une grève de la faim des diplômés-chômeurs, à cinq tentatives de suicide et à un appel à la grève générale. Il sait que la jeunesse désœuvrée n’a rien à perdre et que les comportements se sont nettement radicalisés. « Les gens pensent que l’on fait de la politique en usant du chantage et des appels au suicide », se désole-t-il. Pour atteindre son bureau, il faut fendre une foule de personnes venues demander une aide financière, un travail ou un logement. « J’ai entendu qu’on pouvait obtenir un appartement », explique une vieille femme qui patiente depuis des heures.
Bonjour tristesse
Pour calmer le jeu et surtout assurer le bon déroulement des élections du 23 octobre, le gouverneur a lancé ce qu’il appelle « les chantiers ». Plus de 12 000 personnes ont été recrutées pour des travaux d’intérêt général rémunérés 120 dinars par mois. Ici, ce sont trois femmes qui, à l’aide d’un vieux balai et d’un bout de carton, ramassent des mégots de cigarette. Là, ce sont deux hommes occupés à arracher les mauvaises herbes. Un moyen d’acheter la paix sociale, laisse entendre le gouverneur. « Du chômage déguisé ! » répond Mohsen Bouthouri, secrétaire régional d’Ennahdha. Le militant islamiste ne cache pas sa colère contre l’administration. « Ici, rien n’a changé, c’est toujours la même mafia qui est aux commandes. On dit que le gouvernement a alloué une enveloppe de 139,5 millions de dinars à la région. Mais qu’a-t-on fait depuis huit mois ? Où est l’argent ? Où sont les investissements ? » s’emporte-t-il.
Même si la sécurité est rétablie, les élections risquent de prendre des airs de rendez-vous manqué. Car quand on leur demande s’ils savent sur quoi porte le scrutin, la plupart des Kasserinois répondent par la négative. Quant à la politique, ça fait longtemps qu’ils n’y croient plus. « Sans dignité ni travail, nous ne pouvons pas être des citoyens. Les élections sont un jeu, et les partis sont des profiteurs. On ne connaît rien à la politique, on veut juste manger », explique une jeune femme voilée. « Construisez des usines et on ira voter ! » ajoute Saihi Sadak. À 38 ans, ce titulaire d’une maîtrise de français est l’un des meneurs de la grève de la faim des diplômés-chômeurs qui campent devant l’antenne du ministère de l’Enseignement. Après avoir appris que des journalistes étaient présents dans la ville, un attroupement s’est constitué autour de l’homme, qui s’est improvisé porte-parole. « À Tunis, on nous voit comme des voyous, des bons à rien. L’élite n’a aucune idée de ce qu’on endure. Au début, quelques journalistes étrangers sont venus, mais plus rien depuis des mois. Quant aux médias nationaux, ils ne savent même pas qu’on existe. » Un discours qui soulève des cris d’approbation.
Malgré cette atmosphère bouillonnante, les partis affichaient une confiance sans faille. Plus de cinquante listes devaient être présentées dans la ville. « Nous avons organisé un meeting avec près de 1 200 personnes. Néjib Chebbi lui-même est venu deux fois dans la région. Les gens ont confiance en nous parce que nous ne sommes pas des corrompus de l’ancien système. Cela fait dix ans que j’organise des manifestations », explique l’avocat et tête de liste du Parti démocrate progressiste (PDP), Neji Gharsalli. À Kasserine, il est connu de tous, et, comme beaucoup de candidats, il a un solide réseau local. Au PDP, l’opération « Tunisiens volontaires » permet de recruter des militants pour faire du porte-à-porte et aller à la rencontre de la population. « Les Kasserinois votent plus pour des gens que pour des partis », explique Neji.
Incrédulité
Ennahdha met aussi en avant son opposition à l’ancienne dictature. « Tout le monde sait que nous avons été réprimés, méprisés par le système, et la clandestinité n’a pas rompu notre lien avec la population », souligne Bouthouri. Un discours auquel la population est loin d’être insensible. Pratiquant un islam traditionnel, peu ouverts aux idées extrémistes, les Kasserinois voient surtout dans Ennahdha une chance de renouveau et de rigueur morale. « Nous ne cherchons pas à convaincre avec un propos religieux. Ici, les gens ont besoin qu’on leur parle concrètement et qu’on leur donne des perspectives d’avenir », explique Bouthouri.
S’il y a un point sur lequel les partis s’entendent, c’est le diagnostic. « Notre région est riche, mais sous-exploitée. Ses terres sont fertiles et nous avons beaucoup d’eau. Nous pourrions extraire le marbre disponible à profusion ainsi que les richesses du sol », rappelle Bouthouri, tout en reconnaissant que cela prendra du temps. Du côté du Mouvement des patriotes démocrates (Mopad), représenté par l’avocat Mohamed Rhimi, on plaide pour un plan Marshall. « Nous savons très bien qu’il y a urgence, mais nous n’avons pas de baguette magique. On essaie d’expliquer aux citoyens qu’il faut être patient, mais ils ont du mal à l’accepter », déplore Rhimi.
À Kasserine, la révolution n’a pas seulement fait tomber le mur de la peur. Elle a rendu toute patience insupportable et fait exploser en quelques semaines une frustration contenue durant des dizaines d’années. Prêt à tout pour se faire entendre, un groupe de jeunes nous aborde pour nous annoncer le suicide d’une famille le lendemain. Vain et triste appel au secours que Saihi Sadak résume par cette phrase de Che Guevara : « Si j’avance suivez-moi, si je m’arrête poussez-moi, si je recule tuez-moi. » 

dimanche 13 novembre 2011

Abbas On Suha Arafat Arrest Warrant: I Completely Trust Tunisia’s Judiciary

Abbas and Essebsi in their last meeting, November 2011


Nearly two weeks after Tunisia issued an international arrest warrant against Suha Arafat, the widow of the former Palestinian head of state and head of the Liberation Organization, President Mahmoud Abbas has affirmed that he completely trusts the independence of Tunisian judiciary system.
President Abbas is in Tunis, on a diplomatic visit meeting Tunisia’s post-revolution leadership.  He has declared that the Palestinians have no intention to intervene in the affairs of other Arab states.
In a recent press conference on November 11th, Palestinian President Mahmoud Abbas expressed that the Palestinian administration is willing to cooperate with other Arab governments regardless of the governments in charge- Islamic or secular. Abbas called the Arab revolutions “internal affairs” that should remain within the hands of the people.
Abbas met current governmental officials including interim Prime Minister Beji Caid Essebsi and the caretaker President Foued Mebazzaa. He also met with leaders of political parties from across the spectrum such as Ennahda and Ettakatol founders Rached Ghannouchi and Mustafa Ben Jaafar. He met with Jounaidi Abdeljawed, spokesperson of the secular party Modernist Democratic Pole. Abbas met other national prominent figures such as the President of the Higher Commission for Political Reforms, Iyadh Ben Achour and the National Commission of Investigating Corruption and Wrongdoings, Abdelfatah Amor.
Tunisia has been supportive of the Palestinian cause since it’s independence in 1956. It hosted the Palestine Liberation Organization headquarters in Tunis from 1982 to 1994.
Abbas was visiting with a special delegation of the Palestinian leadership composed of Saeb Erekat, former chief negotiator of the Palestinian authority, Bassem Salhi, a member of the executive bureau of OLP and Majdi Khaladi, diplomatic adviser of Mahmoud Abbas.

Source:  http://www.tunisia-live.net/2011/11/13/abbas-on-suha-arafat-arrest-warrant-i-completely-trust-tunisias-judiciary/

Post-Islamists in the Arab world (or, Islamists mugged by reality)

Islamist groups have had to face a stark reality: conform to the changing environment or fade into irrelevance

Supporters of the Ennahda movement celebrate in Tunisia
Supporters of the Ennahda movement celebrate last month after winning more than 40% of seats in Tunisia's election. Photograph: Anis Mili/Reuters
Early excitement induced by the arrival of the Arab spring has recently been dampened by the emergence of Islamist parties as key beneficiaries. With Ennahda taking the lion's share of the votes in Tunisia and the Muslim Brotherhood expected to do the same in Egypt, many are beginning to ask questions about the direction in which the region is heading.
However, success for traditional and well organised Islamist parties does not necessarily translate into success for Islamism. What we are really witnessing is the emergence of post-Islamism in the Arab world. Post-Islamism is the position that an increasing number of the more moderate Islamist parties are arriving at after being exposed to the reality of politics.
The AKP in Turkey paved the way for this by demonstrating, in practice, how parties rooted in Islamist ideology are only embraced by the masses when they shed dogma and idealism in favour of pragmatism and compromise. There are early indications that Ennahda in Tunisia is going down this path with the Brotherhood in Egypt not too far behind. Ennahda has already stated that it won't seek to ban alcohol or impose a version of Islamic banking.
Post-Islamist parties tend to retain an emotional attachment to faith and seek to create a cultural shift towards Islamic principles (as defined by them) rather than imposing a prefabricated political model deemed to be an Islamic one. In other words, they still envisage a society where Islam guides public policy but without dictating it in a dogmatic and dictatorial fashion. Post-Islamists are Islamists mugged by reality.
Globalisation, easy exchange of information and the emergence of multi-faceted identities have made Islamism seem unworkable and anachronistic. Islamist groups have therefore had to face a stark reality: conform to the changing environment or fade into irrelevance. Some have chosen to remain dogmatic while others have begun to slowly embrace pluralism, equality, universal human rights and religious moderation, driven by the need to remain relevant to their increasingly sophisticated target audience.
This has not been an easy adjustment. While increasing their appeal on the outside, it has made life a little more difficult on the inside. The more traditional elements are struggling to remain on board and in Egypt the Brotherhood has had to deal with several high-profile defections in recent months.
The emergence of post-Islamism should be welcomed because it signals the failure of classical Islamism and teaches us that most people in the region are not motivated by ideology, instead preferring practical politics. In the long-term post-Islamism will also weaken the more extreme elements who are still dreaming of creating a totalitarian theocracy.
Political parties may still use Islam as an excuse to deflect criticism of their policies and seek to further entrench certain outmoded cultural practices and attitudes. Nevertheless, the shift towards democratic culture in the region should give us all cause for hope.
Democracy can certainly bring unsavoury elements into power but it can also remove them. Democratic culture is the best way to prevent abuses of power and entrench transparency, accountability and the rule of law.
From a western policy perspective, this is a much better way of preventing the emergence of theocratic totalitarianism. Rather than supporting unpopular autocrats we should support democratisation and have faith in its ability to transform societies for the better.
Fears of Arab countries adopting an "Iranian-style theocracy" have been voiced in some circles but early indications suggest this is highly unlikely in places like Egypt, Tunisia or Libya – especially since the uprisings were not led by Islamist forces in the first place.
In addition, none of these countries can afford to isolate the international community; they are too reliant on external investment, tourism and expertise. It is also unlikely that Islamist groups will win outright majorities in elections – meaning that coalitions with secular, liberal and nationalist elements will act as moderating influences.
Post-Islamism should be viewed as a phase that will characterise Middle Eastern politics for the next couple of decades at least. It shouldn't be viewed as a danger but rather an opportunity to open up a dialogue. During this period there will be many challenges but hopefully the adoption of a democratic framework with a wide range of political voices operating within it is the best chance a troubled region has to arrive at a better place.

Source:  http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2011/nov/12/post-islamism-middle-east-democracy?INTCMP=SRCH

Arab League votes to suspend Syria if it doesn't end violence against protesters


President Bashar al-Assad given ultimatum to rein in his troops or face economic and political sanctions
Syrian protestersin front of the Arab League headquarters in Cairo
Syrian protesters demonstrate in front of the Arab League’s headquarters in Cairo. Photograph: Amr Nabil/AP
Syria has been told it will be suspended from the Arab League – and faces the threat of sanctions in the Arab world – if it does not agree to end its bloody crackdown on anti-government protesters. The vote in Cairo took place after Syria had failed to abide by an agreement negotiated by the Arab League to end violence against its people, instead continuing with assaults on opposition centres.
The dramatic decision is a deep blow to a nation that has long prided itself on being a significant centre of Arab nationalism, but reflects the growing sense of anger in the Arab world towards President Bashar al-Assad and his regime.
Qatar's prime minister and minister of foreign affairs, Hamad bin Jassem bin Jabr al Thani, said 18 countries had agreed to the suspension, which will take effect on Wednesday. Syria, Lebanon and Yemen voted against it, and Iraq abstained. The Arab League will also introduce political and economic sanctions against Syria.
A double line of police, many in riot gear, protected the entrance to the building on the fringes of Tahrir Square and tried to ensure there was no repeat of the scenes when a Syrian opposition delegation was pelted with eggs by protesters who accused them of being too conciliatory towards Assad.
As the discussion over Syria's membership of the Arab League took place, hundreds of Syrians gathered at the gates waving flags, banging drums and calling for international protection from a regime they say is massacring its own people.
By the side of the road canvas sacks stuffed with straw were laid out like body bags in a morgue, each one scrawled with the name of a different Arab nation undergoing its own political upheaval.
Demonstrators said that the mock corpses represented the thousands that have been killed across the region in the struggle for liberation, but many felt they also symbolised the death of the Arab League itself, which has struggled as an institution to reflect the grassroots explosion of expectations and change that has erupted throughout the Middle East this year.
As news filtered out of the decision, the rally rapidly mutated into a celebration as children were wrapped in Syrian headbands, singing broke out and passing cars honked their horns.
Mohamed Saidi, an electrical engineer, flew all the way from his job in Saudi Arabia to join the protests in Cairo. "If Arab unity still means anything, then it must mean something today," he said. "A message has to be sent, and that is, 'The killing stops, right now'. We must speak as one on this; everything else is secondary."
Violence has continued unabated since Syria agreed on 2 November to an Arab-brokered peace deal that called for Syria to halt violence against protesters, pull its tanks and armoured vehicles out of cities, release political prisoners and allow journalists and rights groups into the country. "Syria is a dear country for all of us and it pains us to make this decision," Bin Jassim said. "We hope there will be a brave move from Syria to stop the violence and begin a real dialogue toward real reform."
In a nod to concerns that the decision could pave the way to international intervention, as took place in Libya, Bin Jassim stressed that "no one is talking about a no-fly zone. People are trying to mix up the cases. None of us is talking about this kind of decision."
More than 250 Syrian civilians have been killed in the past 11 days as the regime continues to besiege the rebellious city of Homs. The UN estimates that in all some 3,500 people have been killed in the crackdown since the Syrian uprising began eight months ago, inspired by the revolutions in Egypt and Tunisia.
The bloodshed has spiked dramatically in recent weeks amid signs that more protesters are taking up arms to protect themselves, changing the face of what has been a largely peaceful movement. Many fear that the change plays directly into the hands of the regime by giving the military a pretext to crack down with increasing force.
Although the crackdown has led to broad international isolation, Assad appears to have a firm grip on power. The government has largely sealed off the country from foreign journalists and prevented independent reporting, making it difficult to confirm events on the ground.
Key sources of information come from amateur videos posted online and details gathered by witnesses and activist groups that then contact the media, often at great personal risk.

Source:  http://www.guardian.co.uk/world/2011/nov/12/syria-arab-league-bashar-assad?INTCMP=SRCH

vendredi 11 novembre 2011

Le nouveau paysage politique tunisien se dessine lors de la présentation des vœux au Président de la République

Le nouveau paysage politique tunisien se dessine lors de la présentation des vœux au Président de la République


Cérémonie de présentation des vœux au Président de la république bien particulière que celle qui s’est déroulée mercredi à Dar Dhiafa à Carthage. Les résultats du scrutin du 23 octobre ayant totalement changé le paysage politique, une belle illustration de ces changements s’est exprimée à travers les invités. Arborant un large sourire de satisfaction et du devoir accompli, le Chef de l’Etat, M. Foued Mebazaa, entouré du Premier ministre, M. Béji Caïd Essebsi, était heureux de recevoir ses invités. On y reconnaissait les membres du gouvernement, les Officiers supérieurs représentant l’Armée, les ambassadeurs des pays islamiques et représentants des organisations arabes accrédités à Tunis, les représentants des corps constitués et les hauts cadres de la Nation ainsi que les chefs des partis politiques, plébiscités par les urnes.
Rached Ghannouchi était arrivé accompagné de Hamadi Jebali et Zied Daoulatli. Mustapha Ben Jaafar, avec Khalil Zaouia et Lobna Jeribi. Maya Jeribi avait à ses côtés Iyed Dahmani. Moncef Marzouki s’était fait représenter par Samir Ben Amor et Mohamed Abbou. C'est Mohamed Louzir qui a présenté les voeux au nom d'Afek Tounes, en sa qualité de président du parti. Le Pôle Démocratique était présent en la personne de Ahmed Brahim, Riadh Ben Fadhl et Slim Azzabi et Al Moubadara, par Kamel Morjane. Plusieurs autres figures nationales avaient également répondu à l’invitation présidentielle : Yadh Ben Achour, Cheikh Abdelfettah Mourou, Hamouda Ben Slama, Mustapha Filali…

Tous détendus, ils se sont donné l’accolade, souhaité Aïd Mabrouk et fait brin de causette… Dépassant les barrières des partis d’origine et les corps d’appartenance, les convives se sont livrés à des exercices de première présentation, avec échanges de coordonnées, pour les uns, de discussions poussées pour les autres et de promesses de se revoir.Très sollicité par ses hôtes qui tenaient à le féliciter ainsi que le Premier ministre, de la réussite du processus de transition, le Président Mebazaa était touché par ses marques de considération et suivait d’un œil ravi, toute cette nouvelle ambiance instaurée. Aïd Mabrouk.

jeudi 10 novembre 2011

الاثنين القادم، الإعلان عن النتائج النهائية لانتخابات المجلس الوطني التأسيسي

تونس (وات- تحرير بهيجة بلمبروك) -  أفاد الكاتب العام للهيئة العليا المستقلة للانتخابات، بوبكر بالثابت انه سيتم يوم الاثنين 14 نوفمبر  2011  الاعلان عن النتائج النهائية لانتخابات المجلس الوطني التأسيسي، طبقا لاحكام الفصل 73 من المرسوم عدد 35 لسنة 2011 المنظم لهذه الانتخابات والقاضي بالاعلان عن النتائج النهائية اثر انتهاء المحكمة الادارية من البت في الطعون.
ELECTION140911
وأشار في حديث ل/وات/ الى ان الهيئة ستتسلم يوم الخميس اخر نسخ الاحكام الصادرة بشأن الطعون ال 104 الواردة على المحكمة الادارية، مؤكدا انها لا تعلق على قرارات المحكمة ولكنها تستغرب بعض التصرفات التي تتناقض مع واجبات الهيئة الحاكمة القضائية لان واجب التحفظ يقتضي الاكتفاء بما يتم تضمينه في كل حكم من تعليل وترك التعليق لغير من شارك في الحكم".
وأوضح بالثابت ان "الهيئة اتخذت قرار الاسقاط في خصوص بعض القائمات بناء على نص قانوني خاص بالفصول 52 و70 من المرسوم الانتخابي وعلى التقارير الواردة عليها من فرق الرقابة على تمويل الحملة الانتخابية"، مشيرا الى ان مسألة نقض قرارات الهيئة واردة في القانون نفسه كضمانة قانونية لجميع اطراف العملية الانتخابية.
وأكد ان "النقض لا يعد البتة استنقاصا من عمل الهيئة التي اعتمدت قراءة للقانون في حين كان للمحكمة قراءة اخرى وهي مسالة واردة بالضرورة كلما وجد نص يحتمل تعدد الافهام".
وأشار من ناحية اخرى الى ان عملا كبيرا ينتظر تطوير العمليات الانتخابية القادمة من ذلك استكمال تسجيل الناخبين ليشمل كل الناخبين المحتملين او جلهم وتدريب المشاركين في المسار الانتخابي  بعيدا عن المواعيد الانتخابية، ودعم التثقيف السياسي للعموم، وتوزيع الناخبين على مراكز ومكاتب الاقتراع بشكل متوازن.
ومن جانبه اوضح احد محامي الهيئة العليا المستقلة للانتخابات الاستاذ رياض التويتي ان سبب الغاء المحكمة الادارية لقرار الهيئة راجع لعدم تمكن هذه الاخيرة من اثبات عملية توزيع مطويات العريضة الشعبية للحرية والعدالة والتنمية التى قام هذا التيار بطبعها بتمويل خاص خلال الفترة القانونية للحملة الانتخابية /اي بين 1 و21 اكتوبر الماضي/ والتي يمنع فيها القانون استعمال التمويل الخاص.
وأشار الى ان محامى العريضة بين انه تم استعمال المطويات المذكورة قبل بداية الحملة الانتخابية وان على الهيئة العليا المستقلة للانتخابات اثبات عكس ذلك.
وفي ما يتعلق بعدم تدخل محامي الهيئة للفت النظر فى هذا الشأن، لاحظ الاستاذ رياض التويتي ان تكليفه وبقية زملائه بالدفاع عن الهيئة لم يتم الا بعد الاعلان عن النتائج الاولية ومن ثمة بعد اسقاط القائمات.
وأكد ان المحكة الادارية "قامت بواجبها في تطبيق القانون ولم تقم بدورها فى ضمان الحقوق الانتخابية"، ملاحظا ان هذا التقصير يكمن في عدم اعتبارها للاخلالات غير المؤثرة على نتائج الانتخابات".
واوضح ان ذلك قد يكون راجعا لتاثر هذا الهيكل القضائي بالقضاء الانتخابي الفرنسي، دون الاخد بعين الاعتبار حداثة التجربة الديمقراطية في تونس".
وأشار الى انه كان على المحكمة الادارية معاقبة الاخلالات بقطع النظر عن مدى تاثيرها في نتائج الانتخابات وذلك لارساء تقاليد انتخابية تؤسس للحياة السياسية فى تونس.
ومن جهته اكد استاذ القانون الدستوري قيس سعيد ان الغاء القرار المتعلق باسقاط قائمات العريضة الشعبية راجع لعدم تقدم الهيئة العليا المستقلة للانتخابات بمدعمات تثبت التجاوزات المتعلقة بالتمويل الخاص الذي استعملته هذه القائمات لتتحدث فقط عن مخالفة للفصل عدد70 من القانون الانتخابي كسبب رئيسي للقرار.
وكانت المحكمة الادارية قد قررت، يوم 8 نوفمبر الجاري قبول الطعن الذي تقدمت به العريضة الشعبية ضد قرار الهيئة العليا المستقلة للانتخابات القاضي باسقاط قائماتها في دوائر تطاوين والقصرين وسيدي بوزيد وصفاقس1 وجندوبة مما مكنها من استرجاع 7 مقاعد في المجلس الوطني التاسيسي اضافة الى تمكين حزب النهضة من مقعد اضافي بدائرة مدنين بعد النظر في الطعن .
وانطلق تقديم الطعون التي بتت فيها المحكمة الادارية غداة الاعلان عن النتائج الاولية للانتخابات وبدا الترافع فيها بداية من يوم 30 أكتوبر الماضي. وقد تم اسقاط اغلب قضايا الطعن شكلا.


Source 

mercredi 9 novembre 2011

RÉ ATTRIBUTION DE 7 SIÈGES À AL ARIDHA EL CHAABIA (DÉCLARATIONS)



Le tribunal administratif,  a examiné  15 recours avant de clôturer mardi le dossier des élections de l'Assemblée Nationale Constituante et a réattribué 7 sièges à Al Aridha El Chaabia qui obtient désormais  26 sièges...écoute Bochra  t'en dire plusspeaker
Voici les circonscriptions dans lesquelles les sièges  lui ont été réattribués : 
  • Circonscription de Sfax 1 :1 siège
  • Circonscription Kasserine : 1 siège
  • Circonscription Tatatouine :1 siège
  • Circonscription Sidi Bouzid : 3 sièges
  • Circonscription Jendouba 1 siège

L'avocat représentant El Aridha El Chaabia, Hechmi Lahdhiri s'est exprimé sur les ondes de Mosaïque  Fm tout juste après la proclamation des résultats des recoursécoute-le speaker 

L'avocat représentant El Aridha El Chaabia, Hechmi Lahdhiri s'est exprimé sur les ondes de Mosaïque  Fm tout juste après la proclamation des résultats des recoursécoute-le speaker 
Au total, 89 recours ont été examinés parmi les 104 dossiers déposés.

Suite à cette décision, voici la nouvelle réattribution des sièges :
  • Mouvement Ennahdha:89 sièges (perd 2 sièges)
  • Ettakatol:20 sièges (perd 1 siège)
  • CPR:29 sièges (perd 1 siège)
  • PDP:16 sièges (perd 1 siège)
Mourad Ben Aissa, tête de liste AlAridha Chaabia, réagit sur la décision du tribunal administratif, écoute le speaker
Ahmed Sweb juge auprès du tribunal administratif a intervenu afin d'expliquer cette décision, écoute le speaker

Boubaker Ben Thabet, secrétaire général de l'ISIE a annoncé qu'une conférence de presse sera prochainement tenue afin d'annoncer les résultats définitifs, écoute speaker

Source: http://www.mosaiquefm.net/index/a/ActuDetail/Element/16703-R%C3%A9attribution-de-7-si%C3%A8ges-%C3%A0-Al-Aridha-El-Chaabia.html

Discours pour la France ou réalité tunisienne?


La religion sera absente de la Constitution tunisienne

La religion sera absente de la nouvelle Constitution tunisienne qui accordera en revanche une place importante aux questions des droits de l'homme, de la démocratie et de l'économie de marché, assure le parti islamiste Ennahda qui a remporté les premières élections libres du pays. Le gouvernement, dont la composition devrait être dévoilée la semaine prochaine, n'introduira pas le principe de la charia ni d'autres principes islamiques susceptibles de rogner sur le caractère laïque de la Constitution en vigueur lorsque l'ancien président Zine ben Ali a été chassé du pouvoir par la rue en janvier.
"Nous ne voulons pas imposer un style de vie particulier", déclare le responsable d'Ennahda, Rachid Ghannouchi, exilé à Londres pendant plus de vingt ans. Depuis la large victoire de son parti réputé modéré aux élections constituantes du 23 octobre, certains soupçonnent Ennahda de vouloir imposer une application stricte des principes religieux à une société tunisienne habituée depuis la décolonisation à un mode de vie libéral.
"Il s'agit juste de la description de la réalité"
La première tâche de l'Assemblée nouvellement élue, chargée de rédiger la Constitution, sera donc avant tout de rassurer les Tunisiens et les investisseurs étrangers, indispensables à la relance de l'économie, estiment analystes et observateurs. Avant même le début des discussions sur la Constitution, tous les partis politiques du pays sont convenus de conserver le premier article de l'actuelle loi fondamentale, qui déclare que l'islam est la religion et l'arabe la langue officielle du pays.
"Il s'agit juste de la description de la réalité", explique Ghannouchi. "Cela n'a aucune implication légale." "Il n'y aura pas d'autres références à la religion dans la Constitution. Nous voulons accorder la liberté à l'ensemble du pays", poursuit le chef de file d'Ennahda, qui ne jouera aucun rôle dans le nouveau gouvernement. La nouvelle Constitution devrait entrer en vigueur d'ici un an.
Aucune promotion de la religion
Publiés dans les années 1980-1990, les écrits de Ghannouchi ont inspiré le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir en Turquie, qui applique un subtil mélange entre démocratie et islam. Ghannouchi affirme également que les 22 années passées en exil lui ont permis de constater l'importance de la société civile. Comme la Turquie, la Tunisie a connu des décennies de dictature laïque avant d'évoluer vers un régime démocratique dans lequel les islamistes modérés se sont imposés dans le paysage politique.
"La loi par elle-même ne change pas la réalité", lance Ghannouchi, interrogé au siège de son parti. "Il ne devrait pas y avoir de loi qui tente de rendre les gens plus religieux", estime-t-il. Dans la foulée de sa victoire aux élections constituantes, son parti s'est engagé à ne pas interdire l'alcool et les vêtements occidentaux et à poursuivre les politiques économiques en faveur du tourisme, de l'investissement étranger et de l'emploi.
La charia et les lois de l'islam sont un ensemble de valeurs morales individuelles et sociétales et non un code de conduite strict à appliquer au niveau national, dit-il. "L'Égypte dit que la charia est le principal fondement de sa loi mais cela n'a pas empêché l'ancien président déchu Hosni Moubarak de devenir un dictateur."
Probable accord des laïcs
Pour Samir Ben Amor, chef de file du Congrès pour la République (CPR) qui devrait participer au gouvernement de coalition aux côtés d'Ennahda et d'un autre parti laïque, il y a un consensus autour de la référence à l'islam dans le premier article de la Constitution. Ces partis politiques s'accordent également pour renforcer la démocratie en introduisant notamment des références aux conventions internationales des droits de l'homme. "Nous voulons un régime libéral"", dit Ben Amor.
Alors que les partis s'accordent pour défendre les droits des femmes, parmi les plus avancés du monde arabe, Ben Amor se dit toutefois opposé à l'inscription du Code du statut personnel dans la Constitution. "Aucune Constution au monde n'a ça", note-t-il. Ces droits seront protégés par la législation, argue-t-il. Le principal point d'achoppement porte sur le type de régime politique. Ghannouchi a une préférence pour le système parlementaire quand les autres partis politiques soutiennent un système à la française, avec un pouvoir partagé entre un président élu au suffrage universel direct et un parlement.
"Le système parlementaire peut entraîner une instabilité politique, et sortant tout juste d'une dictature, nous pensons que nous ne pouvons pas courir ce risque", explique Ben Amor. Pour Radouan Mamoudi, directeur du Centre pour l'étude de l'islam et de la démocratie, basé à Washington, les élections d'octobre ont montré que le pays avait opté pour une "révolution évolutionnaire" sans changements radicaux. "Les Tunisiens sont d'accord sur presque tout, note-t-il. Ils veulent garder leur identité arabe et musulmane sans vivre dans une théocratie. Je pense que la Tunisie peut ouvrir la voie dans le monde arabe en construisant une véritable démocratie pleinement compatible avec l'islam." 

mardi 1 novembre 2011

Gros plan sur le Maghreb → La Tunisie après le «printemps arabe»


Gros plan sur le Maghreb  →   La Tunisie après le «printemps arabe»


30.10.2011, 17:49
Photo: EPA

Le 27 octobre dernier les résultats officiels des élections de l'Assemblée constituante tunisienne, ont été annoncés. Le parti islamiste Ennahba (Renaissance) a remporté la majorité de mandats (90 sur 217) en devançant le Congres pour la République (gauche nationaliste) et Ettakatol (gauche) avec respectivement 30 et 21 mandats. Le taux de participation était très important avec plus 70% d'électeurs qui se sont déplacés le 23 octobre dernier, le jour des élections. Par ailleurs, les partis politiques se sont également montrés très actifs – ils étaient une centaine à avoir participé aux élections.
Les observateurs internationaux qui ont surveillé le bon déroulement du scrutin, sont unanimes : les élections du 23 octobre sont les premières élections tunisiennes véritablement démocratiques. Cependant le nombre aussi élevé de partis politiques qui y ont pris part témoigne de la division et des tensions qui règnent depuis presque dix ans dans la société tunisienne. Il est très symbolique, qu'à la veille de l'annonce des résultats des élections en Tunisie, le Parlement européen a décerné le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit à cinq militants du «printemps arabe». Le premier lauréat est le Tunisien Mohamed Bouazizi de Sidi Bouzid. Le 17 décembre dernier, ce jeune homme de 26 ans s'est immolé par le feu. Sa mort est devenue cette étincelle qui a mis le feu aux poudres de la révolution tunisienne, la première de la série de révolutions du «printemps arabe». En moins de trois mois de contestations antigouvernementales le président Ben Ali et sont régime policier ont a été renversés. Le chef de file d'Ennahba, qui a remporté les élections du 23 octobre, propose aux autres forces politiques du pays de conjuguer leurs efforts pour construire une «société démocratique». Et pourtant, l'orientation islamiste du parti Ennahba éveille les soupçons en Tunisie, mais surtout dans les autres pays. «C'est à cause des idées reçues sur l'islamisme qui, de l'époque de Ben Ali, était opposé régime laïque en place», est convaincu Veniamine Popov, le directeur du Centre de partenariat des civilisations de l'Institut russe des relations internationales, qui était ambassadeur russe et soviétique au Yémen, en Libye et en Tunisie.
"Le parti islamiste a en effet obtenu la majorité de voix. Il se qualifie de parti islamiste modéré, mais c'est lui qui a souffert le plus du régime de Ben Ali. Son leader a passé plus de 20 ans en exil. Des centaines de ses membres ont été jetés en prison. Le numéro deux du parti et son secrétaire général, Hamadi Jebali, dont la candidature est proposée au poste du Premier ministre, a passé 16 ans en prison", a-t-il indiqué. "La victoire des islamistes a bouleversé la société tunisienne. Des jeunes sont descendus dans les rues pour protester contre cette victoire en estimant qu'Ennahba était payé par les régimes monarchistes des Etats de la Golfe persique ce qui lui avait permis de remporter les élections. Il me semble que la majeure partie de la population tunisienne soutient les islamistes parce que ceux-ci ont souffert le plus que les autres des exactions du régime renversé. Et puis l'interdiction du parti de Ben Ali a créé une sorte de vide politique que les islamistes sont venus rapidement remplir". 
"Je suis pourtant confiant, car les dirigeants du parti et, en premier lieu, Rached Ghannouchi n'ont pas tardé à promettre de préserver tous les acquis du peuple tunisien, de former une coalition avec les partis et mouvements laïques, notamment les sociaux-démocrates, qui sont de gauche. Et ils ont aussi tenté de parvenir à un consensus en prenant des décisions politiques", poursuit Veniamine Popov. "A mon avis, il ne faut pas dramatiser la situation, car Ghannouchi et les autres dirigeants du parti promettent d'adopter un modèle turc en Tunisie. En Turquie le parti islamiste du premier ministre Erdogan est au pouvoir depuis une dizaine d'années et montre de bons résultats notamment dans le secteur économique. Par ailleurs, la Malaisie peut aussi être prise comme modèle. Ce pays a su devenir une économie forte et viable, ayant réussi de venir à bout de ses problèmes interreligieux et interconfessionnels". 
Lors de la campagne électorale, Alexeï Grigoriev a noté une participation importante de jeunes femmes, qui ont protesté contre les mouvements islamistes. La Tunisie est le premier pays arabe à avoir proclamé l'égalité des sexes.
"Effectivement, l'égalité des sexes a été proclamée en Tunisie", confirme Veniamine Popov. "Mais je crois que les islamistes tunisiens sont toutefois plus progressistes par rapport aux islamistes des autres pays. Ils ont tiré des enseignements du passé. Ghannouchi qui était en exil pendant 20 ans, est considéré comme un intellectuel, et ses opinions sont plus modérées et tolérantes que celles de la plupart de mouvements islamistes, comme les fameux «Frères musulmans». Qui vivra verra, dit-on, mais il me semble que les islamistes ne vont pas miner les fondements de la société tunisienne. Tout ce qui fait aujourd'hui partie de la vie quotidienne, tout ce qui est entré dans les mœurs ne peut plus être annulé. D'ailleurs, les dirigeants du parti Ennahba déclarent qu'ils ne vont pas revenir à la société islamiste fondée sur la charia. Certes, il est possible qu'il s'agisse d'un discours pré-électoral, mais si Ennahba décide de mettre en place un Etat exclusivement islamiste, les Tunisiens seront vite déçus. Je connais bien les Tunisiens et l'intérêt qu'ils portent à ce qu'on appelle la civilisation occidentale. Les jeunes qui ont déjà pris goût des possibilités offertes, par exemple, par l'Internet, vivent comme des jeunes gens de n'importe quel pays. Leur imposer un modèle de société islamiste fermée aux influences extérieures est dangereux et ne fera que déstabiliser la société. Il est peu probable qu'Ennahba se décide à le faire". 
Il n'y a pas très longtemps, la Tunisie était l'une des destinations les plus attractives pour les touristes russes. Quelle est l'avenir des relations russo-tunisiennes qui étaient toujours très amicales par le passé ?
"Comme j'ai déjà dit, parmi les observateurs, il y avait des observateurs russes qui ont surveillé le déroulement du scrutin en Tunisie", a répondu Véniamine Popov. "Je crois que vous allez très prochainement entendre parler de nouveaux contacts au sommet entre la Russie et la Tunisie. Et je vous assure qu'il y en aura". 

Tunisie : être ou ne pas être aux côtés d’Ennahdha ?


Tunisie : être ou ne pas être aux côtés d’Ennahdha ?

LE PLUS. Alors que le parti Ennahdha est maintenant la première force politique de la Tunisie et qu'une Constitution doit être rédigée, l'avocat tunisien Slim Hajeri partage son analyse de la situation.


Aujourd’hui, les choses sont claires, avec près de 42% des sièges, le parti islamiste domine largement l’Assemblée constituante.

Avant même la fin du décompte des voix, Ennahdha a clairement affirmé son intention de prendre en main les rennes du pouvoir. Elle a présenté sans plus attendre son futur Premier ministre, le président de l’Assemblée constituante et livré les noms de ses candidats à la présidence de la République.

 Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahdha et Rached Ghannouchi, chef du parti, le 28/10/11 à Tunis (FETHI BELAID/AFP)
Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahdha et Rached Ghannouchi, leader du parti, le 28/10/11 à Tunis (FETHI BELAID/AFP)

Mais les islamistes ne veulent pas y aller seuls, ils ont lancé un appel à la constitution d’un gouvernement "d’union nationale", appel très vite accepté puis relayé par leurs alliés stratégiques du Congrès pour la République (CPR). La plupart des autres partis représentés à l’assemblée ont décliné (pour l’instant) l’offre d’Ennahdha à l’exception notable d’Ettakatol. Troisième force de l’AC, ce parti historique de centre gauche a su négocier la première période de transition avec une certaine habileté politique et a ainsi, pu se positionner comme l’une des formations politiques les plus crédibles de la place.

A l’heure actuelle, les négociations battent leur plein, Ettakatol se dit prêt à intégrer le gouvernement dirigé par l’islamiste Hamadi Jebali mais pose des conditions et dit vouloir négocier un programme commun. Les sympathisants d’Ettakatol et autres démocrates sont partagés. Mais au sein du parti les militants semblent majoritairement pencher pour une alliance ; argument principal : il faut accompagner Ennahdha afin d’éviter les dérives possibles et prendre en compte l’intérêt supérieur du pays.

Mais sur quel fondement le raisonnement des partisans de l’alliance repose-il ? Une stratégie politique se base sur des données objectives, des faits, des hypothèses crédibles, des prévisions et une analyse de la situation. Les choix sont ensuite faits et les décisions prises en fonction des objectifs à atteindre à court, moyen et long terme.

La position d'Ennahdha

Politiquement la situation peut se résumer ainsi : Ennahdha est le parti le plus puissant de l’assemblée et bénéficie du soutient du CPR qui comporte en son sein, il ne faut pas l’oublier, une forte composante nationaliste et/ou islamiste. L’axe Ennahdha/CPR aurait la maîtrise totale de l’Assemblée constituante. Or cette dernière est souveraine. Outre le pouvoir législatif et exécutif, elle aura le loisir de modeler la constitution à sa guise.

Ennahdha a d’ailleurs dès le départ posé les règles du jeu ; elle revendique de maintenir une position dominante et de diriger le gouvernement. Autre élément important, l’administration et l’armée ; ils sont a priori hostiles à Ennahdha du fait principalement de l’épuration radicale entreprise par l’ancien régime, mais aussi parce que le parti islamiste a jusqu’ici affirmé sa détermination à rompre avec le passé et à demander des comptes aux plus hauts responsables de l’administration placés par Ben Ali. Tout cela a le mérite d’être relativement clair, mais l’équation politique comporte plusieurs autres inconnues.

La plus grande et la plus intrigante de ces inconnues, la question que tous les démocrates se posent est la suivante : qui est réellement Ennahdha et que veut-elle ? Cette interrogation n’est pas gratuite, elle prend sa source dans l’histoire idéologique de ce parti. Ennahdha est l’héritière directedu courant des Frères musulmans, de l’idéologie fondamentaliste de Sayed Qotb et du cheikh El Benna. Elle est l’émanation du Mouvement de la Tendance Islamique (MIT, ancien nom d’Enahdha) et ses pères fondateurs (toujours solides aux postes) affirmaient à leurs militants (et affirment toujours de temps en temps) que leur reconversion aux principes de la démocratie n’est pas à prendre au premier degré.

La question est donc de savoir si ce parti à l’histoire et aux fondements islamistes radicaux s’est métamorphosé en parti démocrate. Faut-il croire le discours apaisant de ses dirigeants et leurs références au modèle turc alors même que dans les prêches de certains imams sympathisants d’Ennahdha et sur les réseaux sociaux, les appels à l’application de la chariaâ et à l’instauration d’un état islamique fusent.

Ennahdha acceptera-t-elle de jouer le jeu de l’alternance démocratique ou fera-t-elle son coming out théocratique une fois son autorité assise sur les postes stratégiques de l’appareil d’état ?

Une supportrice d'Ennahdha au QG du parti, à Tunis, le 25/10/11 (FETHI BELAID/AFP)
Une supportrice d'Ennahdha au QG du parti, à Tunis, le 25/10/11 (FETHI BELAID/AFP)

Tels sont donc les principaux éléments de l’équation politique. Au plan économique la situation est extrêmement difficile : croissance négative, investissement en baissechômage, inflation etc. Les perspectives sont loin d’être bonnes, les islamistes, modérés ou pas font peur aux touristes et aux investisseurs occidentaux. L’heure est grave ! Prendre une décision quel qu’elle soit nécessite de tenir compte de l’ensemble de ses éléments.

 Prospectives

Alors, être ou ne pas être au gouvernement ? Partons du postulat que l’objectif stratégique d’Ettakatol est d’instaurer à moyen terme un régime réellement démocratique garantissant à tous, l’exercice des libertés fondamentales. Les objectifs à court terme (principalement économique et sociaux) quoique fondamentaux ne sauraient primer sur l’intérêt supérieur du pays entendu au sens historique et civilisationnel.

Il faut donc juger de l’opportunité d’adhérer à l’axe en considérant principalement l’objectif à long terme, c’est-à-dire l’instauration de la démocratie.

Dans la première hypothèse, Ennahdha est un parti démocrate dont les aspirations pour le pays sont les mêmes que celles de n’importe qu’elle autre parti progressiste. Si telle est la vision que l’on adopte, alors l’alliance semble s’imposer. Sauver l’économie, rassurer nos partenaires étrangers, initier les réformes principales (justice, police, administration, éducation, etc.) et s’atteler à la rédaction d’une constitution consensuelle ne saurait trouver meilleur terrain que celui d’une union nationale.

En revanche si l’ont émet des doutes sur les intentions réelles du parti islamiste, les choses deviennent beaucoup plus nuancées et complexes. La stratégie consisterait alors à trouver la meilleure parade à de prévisibles manœuvres politiques d’Ennahdha visant en définitive, une prise pure et simple du pouvoir en vue de l’instauration d’une théocratie, à l’image de ce qui se produisit en Iran, après 1979. A quoi servirait une alliance avec un parti ayant de telles intentions, disposant d’une majorité confortable à l’AC et revendiquant une position dominante dans le gouvernement ?

Un programme commun ?

Certes, un programme négocié à l’avance, solution préconisée par Ettakatol, permettrait de garder un certain contrôle et de limiter les dégâts pour un certain temps. De plus, la présence d’un parti modéré au sein du gouvernement serait sans doute un atout majeur pour l’économie surtout du point de vue de nos partenaires étrangères. Mais qu’elle serait la marge de manœuvre réelle d’un parti minoritaire au sein dune pareille alliance ?
(pld/pc Patrice Deré /pp/AFP)
Le programme commun n’offre que peu de garanties car il ne s’agit, en fin de compte, que d’un ensemble de promesses. Par ailleurs, l’importance de la prise de positions stratégiques au sein de l’appareil d’état doit être relativisée car elle ne saurait être que partiel et temporaire. A l’opposé, du point de vue d’un parti aux visées hégémoniques (si tel était le cas d’Ennahdha) il n’y a qu’avantages, dans les circonstances actuelles, à s’allier à ses adversaires politiques. Cela lui permettrait en premier lieu de bénéficier de la crédibilité de ces partenaires aussi bien vis-à-vis de l’opinion publique et d’une partie de l’administration que des partenaires étrangers de la Tunisie. Une certaine relance économique deviendrait alors possible ainsi qu’une réforme en douceur d’une administration qui lui est jusqu’à présent plutôt hostile.

L’application du programme politique et des promesses électorales d’Ennahdha peu réalistes (118.000 emplois par an !) seraient reportée sine die. Ennahdha garderait tout de même la maitrise des principaux dossiers, mais les critiques et attaques inéluctables en cette phase délicate ne seraient plus dirigées directement contre elle mais viseraient l’ensemble de la coalition.

Enfin, en cas d’échec de la politique menée par la coalition (chose fort probable) la responsabilité d’Ennahdha en serait à tout le moins diluée, sinon éludée. Par contre, un succès, même relatif pourrait aisément être récupéré.

Quelle stratégie pour Ennahdha ?

Bref, à l’abri des critiques et grâce à une situation socio économique en amélioration plus ou moins sensible, Ennahdha bénéficierait de meilleures circonstances possibles pour se consacrer à assoir son autorité sur le pays par le biais d’une stratégie en trois ponts que l’on pourrait imaginer ainsi :

1-Nettoyer l’administration de tous les éléments hostiles et y intégrer quelques fidèles.
2- Faire approuver une Constitution comportant quelques compromis mais qui lui est résolument favorable.
3- Et surtout, accomplir avec sérénité son travail le plus important : niveler la société et l’islamiser en agissant "par le bas" c’est-à-dire dans les quartiers, les mosquées, les cafés etc.

Intégrer une coalition dirigée par Ennahdha (s’il s’avérait que ce parti était hégémonique) ne permettrait donc pas de réaliser l’objectif stratégique ; bien au contraire il servirait des intérêts contraires. Servir de faire valoir, puis d’alibi tout en ayant l’impression de détenir une partie du pouvoir et d’exercer un contrôle pourrait s’avérer suicidaire.

En s’alliant à Ennahdha, Ettakatol risque de perdre une grande partie de ses électeurs et pourra difficilement en conquérir d’autres car il sera désormais un parti de gouvernement qui aura à prendre des mesures douloureuses et impopulaires. L’une des principales erreurs de 1987 était d’avoir présumé de la bonne foi et des bonnes intentions de Ben Ali ; or en politique il n’y y a pas de place pour de telles présomptions. Il vaut mieux se réveiller sur une bonne surprise qu’être réveillé en sursaut par un cauchemar.

Être dans l’opposition constructive, dire oui quant il le faut et résister avec force quand cela est nécessaire, tisser des liens plus étroits avec les islamistes réformateurs et le CPR, investir sérieusement le terrain en bénéficiant de la position bien plus confortable d’opposant, affiner sa stratégie, tenir un discours fédérateur basé sur la question sociale, tel semble être la meilleure option ou en tout cas la moins mauvaise.